Date 5 décembre 2009
Lieu Cabane aux chèvres (pas de nom), entre le plan de l'Arselle et le chalet des Fours. Carte
Participants
Concept French Paille Bivouak: rando en ski et raquettes, nuit en refuge, rando en boucle autour de la Roche des Fours.
Résumé

A l'origine cet épisode devait s'appeler French Pie Bivouak en raison des tartes aux pommes prévues au menu du soir, mais une suite d'événements inopinés nous ont contraints à trouver un nom plus de circonstance (en plus ça ne change rien pour les oreilles !).

Tout commence par une belle matinée de ski de piste sur le domaine de Val d'Isère avec Steph, Tristan, Céline et moi-même, dominée par un soleil un peu voilé mais avec une neige à point tombée la veille. Résultat: de la bonne glisse comme on aime en début de saison, impeccable pour se chauffer les cuissots avant la rando !

14h: on rejoint les savoyards Xavier et ses potes Axel et Sylvain sur le parking du Manchet pour le départ. L'objectif est d'aller au refuge du Fond des Fours en remontant le vallon plus ou moins en suivant le lit du ruisseau. Il y a à peine 600m de dénivelé à faire, ça doit passer tranquille ! La neige est bonne, on choisit de prendre une trace qui monte sur une colline avant de redescendre sur le plan de l'Arselle. Puis on remonte en direction d'un col que l'on aperçoit au loin, toujours le long du ruisseau.

Rapidement les difficultés arrivent: quelques passages merdiques dans des pentes prononcées, avec gros cailloux, trous cachés, neige profonde obligent les skieurs à déchausser plusieurs fois. La progression du groupe en prend un sérieux coup et la lumière du jour commence à baisser, c'est déjà la fin de l'après-midi. Allumage des frontales.
En peu de temps on se retrouve face à une barre rocheuse qui nous fait hésiter sur la suite: contourner par la gauche ou par la droite ? On essaie par la gauche: mauvais choix, c'est un ravin avec des pentes de plus en plus folles qui ne débouchent sur rien d'engageant. On redescend donc se reposer un peu et analyser le terrain à franchir. Stéphane part seul en reconnaissance pour contourner la barre par la droite tandis que le reste du groupe attend plus bas. Puis je le rejoins pour mieux éclairer la neige avec ma lampe qui porte loin. Mais pas moyen de trouver un passage correct et le refuge n'est toujours pas en vue, caché par le relief et situé à plus de 600m de distance et 130m plus haut d'après le GPS.

Vers 20h15, le reste du groupe fatigué s'impatiente, tout le monde commence à avoir faim et froid à force de rester immobile alors il est temps de prendre la bonne décision: soit on continue dans cette voie peu engageante, soit on renonce et on fait demi-tour. La sagesse l'emporte et on ne montera pas plus haut, il faut garder nos forces pour le retour. Après réflexion, je pense qu'on était coincés au Sud du plan des Gouilles et vu la configuration du relief, on avait peu de chances de passer par là, alors qu'on aurait dû se situer plus à l'Est, là où sont tracés à la fois le sentier de rando pédestre et l'itinéraire normal de ski de rando. Pour cela il aurait fallu venir du vallon d'à côté et traverser le ruisseau du Cugnai... A méditer pour les prochaines sorties mixtes raquettes et ski ! Pourtant ça s'était très bien passé dans le Beaufortain.

21h30: on s'arrête dans la première petite cabane ouverte qu'on trouve au bord du chemin. Cette fois il ne faut pas faire les difficiles au niveau confort: on est juste là pour manger et se réchauffer, pas question d'y passer la nuit, de toutes façons il n'y a pas assez de place au sol et on n'a pas de duvet ! Le doux parfum de chèvre qui règne dans les paillasses nous a inspiré pour baptiser ce sympathique abri un peu sommaire. Un bon repas collectif nous aide à oublier cette mésaventure et nous redonne de l'énergie pour rentrer au parking. Mais le chemin est encore long, heureusement la trace est fraîche...

1h30: arrivée au parking du point de départ, on déchausse. Fin de l'épisode un peu prématurée... C'est le premier bivouak sans bivouak !

Le côté positif de l'histoire: Xav le Touareg peut s'estimer heureux d'avoir retrouvé son iPhone au retour, alors qu'il l'avait fait tomber dans la neige à l'aller. Si on avait décidé de poursuivre jusqu'au refuge on ne serait jamais repassé au même endroit. Reste à savoir si nos nouveaux bizuths oseront revenir avec nous après ça ?

A bientôt pour de nouvelles aventures (j'espère moins aléatoires) !

Bryce

Le French Pie concept était pourtant béton: montée au refuge en début d'aprèm après une matinée de ski. Sur le papier, pas grand chose à redire:
- j'avais noté les conditions et je savais qu'il était tombé pas loin de 40cm de poudre soufflée;
- je connaissais le coin pour y avoir démarré un tour de Vanoise en 6 jours en 2004;
- on savait qu'on risquait de choper la nuit, mais bon on a déja connu ça;
- on n'était pas trop nombreux, et même si je ne connaissais pas toute l'équipe, y avait pas de quoi s'affoler. Au pire 600m de déniv et 6km de parcours;
- le départ est 2km plus loin que prévu, qu'à cela ne tienne, on perd 30mn sur l'horaire prévu.
Bref, pas de quoi se tracasser !

A 14h, ce samedi nous partons donc sereins, même pas très chargés, contents d'en découdre avec cette belle neige fraîche et ce vallon du Manchet sous un soleil plus limpide qu'attendu. Pas de soucis, c'est la 1ère à gauche. Dès la première trace à gauche en effet j'enquille, me disant que de toutes façons le gars, il peut aller que dans le vallon des Fours. Pas con, ça évite de se taper la trace dès le début, sauf que la crête rejointe, je devrais assumer la trace à l'Est, notre guide imprévu ayant choisi de rejoindre les pistes du domaine de Solaise. A nous aussi de redescendre sur le plan de l'Arselle: et hop on dépeaute/repeaute et nous revoilà dans le vallon, le vrai ! Jusque là, si ce n'est l'heure, c'est pas trop mal.

Déjà 15h30, l'aprèm touche à sa fin, superbe lumière, on s'oriente facilement vers les chalets des Fours. A gauche (rive droite) se distingue une trace, celle de l'itinéraire hivernal, mais le parcours semble continuer sans problème dans le vallon, je n'hésite pas une seconde à suivre les premiers qui ont déjà poursuivi rive gauche. On traverse donc la rivière. Vu de près, on s'aperçoit que pour rejoindre le chalet des Fours (et donc le GR) il faut contourner par la gauche un gros rocher et s'engager dans un gros éboulis assez difficile à skier. 30mn de pure galère nous seront nécessaires pour y arriver et surmonter l'instabilité de la trace. Mais bon rien de grave, c'est juste un mauvais passage, maintenant on va pouvoir envoyer !

Il est 17h, le soleil est couché mais on en a encore au moins pour 1h à profiter de sa lumière. Ca progresse, quoi ! Effectivement, on progresse et en moins d'1h on atteint le fond de la vallée. Mais petit hic: nous sommes devant une muraille de neige, même si on voit ou il faut arriver, impossible de voir à coup sûr l'endroit où on doit passer. Une belle pente nous tend ses flancs à gauche. A droite, même chose mais à l'aplomb d'une barre rocheuse et avec une pente encore plus raide. On prend le moins pire: la pente de gauche, en espérant qu'en haut on pourra rejoindre un petit vallon qui mènera plein Sud sur le collu vers le replat des Fours. Allons-y ! Mais après 15mn, point de bol on se rend compte que ça passera pas à la lueur (souvent insuffisante) de nos frontales. Pour y être passé, il y a 6 ans, savoir où se trouve le sentier n'aurait rien résolu car à cet endroit le chemin serpente entre les rochers dans une pente relativement marquée, ce qui ne nous aurait pas plus aidés.

19h: on redescend. Tout le monde est fatigué, surtout les skieurs du matin. Pendant que quelques-uns se restaurent vite fait, j'attaque la pente à droite en visant une mini gorge 100m plus haut à la lueur de la frontale de Bryce qui me suit et m'éclaire. 30mn plus tard, je monte malheureusement un peu trop dans la pente pour espérer attraper le goulet. Du coup je redescends 30m (dont 15mn pour faire demi-tour) et j'arrive au dit goulet, sorte de replat après une petite cascade. Ca y est, après encore 15mn de progression SE, je rejoins le petit vallon qui mène au collu.

Il est 20h, je suis mort de fatigue, pas froid c'est sûr, mais soif car nos pipettes gelées n'ont pas craché une goutte d'eau depuis le départ !
J'essaie de faire le point: la position m'indique 2404m d'altitude et 808m de distance au refuge, soit encore 140m de dénivelé (soit environ encore 240m pour le groupe resté en bas). J'estime, vu notre progression, que 2h nous seront nécessaires pour atteindre le refuge. Je suis contraint de prendre la décision de renoncer, pour que la progression reste un plaisir et ne devienne pas un calvaire. Tant pis, il aurait fallu partir au moins 2h plus tôt. C'est vraiment un passage qui devient scabreux l'hiver avec la neige, surtout lorsqu'elle ne porte pas. A priori le GR se situe entre les 2 points où on a tenté de passer. Enfin, déjà 6h qu'on est partis... :O(

22h: dîner festif à la cabane aux chèvres, tout près du plan de l'Arselle. On déballe les bottes de Pie, euh... de paille façon Little House in Ze Pray !

23h30: on redécolle, direction Val d'Isère.

1h30: arrivée au parking. Ouf, les voitures sont là. Par contre on a les clefs, mais pas de caisse ouverte pour payer le parking. Pas de soucis, c'est ma soirée "L'homme qui valait 10000 milliard$": j'applique un tordage bien senti à la barrière, qui nous permet de faufiler nos deux bagnoles trankillos, ni vu ni connu. Fallait pas nous énerver: c'est pas paskon sait pas trouver une cabane qu'on va rester coincés toute la night sur le parking !

Enfin, cette mésaventure nous aura permis de remédier à une petite boulette de Xav alias Valdo qui a tout simplement semé dans la snow son "Iphon". Heureusement que les Chevaliers de l'Iphon étaient là et n'ont pas hésité à le faire sonner tout au long de la descente, sinon ç'aurait vraiment pas été la soirée du Touareg... Trop ballot l'Iphon !

Captain Bivouak

L'écho des cabanes Cabane très rustique au confort minimaliste, dont le principal rôle est de servir d'abri aux chèvres à la saison chaude et aux randonneurs en perdition à la saison froide. Pas de table, des souches pour s'asseoir, des couchettes en paille, une grosse casserole cabossée, aucun outil ni chauffage.
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